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Cathar6
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  • Vous déprimez ? Votre vie est un enfer ? Vous êtes au fond du gouffre, incapable d'en sortir ? Si la réponse est "oui", respirez un grand coup et lisez ce blog. Vous verrez, le gouffre, je suis dedans, et des fois, on dirait même que je le creuse…
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17 avril 2016

Tu veux jouer ? Joue ! Et crève derrière, surtout !

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[Source de l'image]

Déçu. Heureux mais déçu. Pourquoi, me direz-vous ? La réponse est aussi stupide que simple : je veux vivre de mon revenu de traducteur, et par vivre, j'entends bel et bien payer mes impôts, loyer, charges, nourritures, assurances, cotisations… bref, toutes mes dépenses. Ce mercredi 6 avril 2016, j'ai accepté le travail de Samuel avec au bout du chemin, 530 EUR. « Un travail rentable, » pensais-je, si je n'y consacrais pas plus de 5 jours, c'est-à-dire que je terminais ce travail avant le 11 avril. Nous sommes dimanche 17, et je n'ai rendu mon texte qu'avant-hier, donc ce 15. J'ai donc passé près de 10 jours sur ce projet, et toute journée de plus sur ce projet sera donc une pure perte d'argent.

C'est ce qui fait tout le paradoxe de ma situation : d'un côté, je gagne de plus en plus de moyens pour faire du bon travail, comme ce clavier à 200 EUR, le Cherry MX Board 6.0, une souris ergonomique pour ne pas me détruire le poignet, et ce cadeau d'anniversaire, SDL Trados 2014, de ma famille, qui malgré de gros défauts et lacunes, a au moins le bon goût de pouvoir traiter un peu tous les types de fichiers. J'ai même des conditions de prestations de service, générales et spécifiques, pour me protéger des escrocs qui voudraient filer sans payer. En fait, à l'exception du site web dont j'avais parlé et du CV à mettre à jour, il ne devrait plus y avoir que le « réseautage » de collègues traducteurs et correcteurs, le démarchage de clients potentiels et la traduction. La vraie traduction.

Or c'est bien là que le bât blesse : pour chaque progrès accompli dans ma recherche d'un meilleur service, j'ai de moins en moins de clients. Difficile à croire vu que je n'en ai jamais eu beaucoup, mais c'est la vérité, j'ai l'impression de perdre le peu qu'il me reste au point de me demander si j'arriverai jamais à joindre les deux bouts. Bien sûr, il y a beaucoup de choses que je veux faire aussi en parallèle, comme apprendre le japonais, apprendre à écrire avec la méthode d'entrée Bépo, traduire Linux Sea pour l'auto-éditer au format Kindle, installer Gentoo sur mon troisième PC personnel, transformer mon ancien PC personnel pour faire de l'auto-hébergement, dresser un glossaire d'architecture, scripter la création de factures pour n'avoir plus qu'à entrer le nom de dossier dans un terminal, ce genre de choses.

Mais c'est là que le jeu vidéo révèle sa face sombre : Je suis très clairement accro, mordu et dépendant des écrans en général. Pas besoin de parler de télé, c'est bel et bien l'écran avec son rafraîchissement à 60 Hz qui m'attire, mon cerveau y est adapté, il ne touche plus comme il devrait, il ne sait plus envisager le monde sans. Quoi que je fasse, à chaque étape de mon raisonnement, de mon processus mental, le jeu vidéo vient comme un appel à la fuite de mes responsabilités et je n'ai aucun contre. Même maintenant, je me répète que je ne me sentirai pas « libre » sans avoir obtenu les 100 % dans les jeux de ma liste PS3, en sachant pertinemment que je mettrai sans doute des années à obtenir ces fameux 100 %. Je devrais ranger la console, tout vendre, mettre un terme à cette folie. Mais je n'y arrive pas. Je suis tellement drogué aux jeux vidéo que j'ai même installé Windows 8 sur mon nouveau PC personnel pour y installer Blade and Soul, initialement pour jouer avec Nº3. Maintenant, celui-ci a arrêté de jouer au MMO, et moi, que fais-je ? Je joue en boucle dessus pour y récupérer des « bagua », un genre de part de pizza. Intérêt pour mon personnage ? Aucun, il faudrait d'abord que j'arrive à battre un certain boss près de 1000 fois. Même en présumant le faire 10 fois par jour, il faudra 100 jours pour y parvenir. Et le faire 100 fois par jour me semble relever du miracle. En fait, je n'ai même jamais songé à me chronométrer, je ne pense pas qu'on puisse le faire aussi fréquemment en une journée. Je tablerai beaucoup plus sur 20 fois large max. ET VOILÀ ! VOUS AVEZ VU ? J'ai encore dérivé sur Blade and Soul. Si vous voulez une preuve de ma dépendance aux jeux vidéo, la voilà !

Le jeu vidéo n'est d'ailleurs pas le seul facteur de déviation de mon travail. À une époque, Détective Conan en était un aussi, puisque je le favorisais aux travaux qui m'étaient présentés. Même si un client me contactait, j'organisais cette mission vis-à-vis de DC et non l'inverse. L'une des raisons à ceci était tout simplement parce que la traduction de DC était chronophage, difficile de trouver un peu de temps libre quand on doit transcrire puis traduire les chapitres tout en gardant un peu à l'œil les cleaneurs et les éditeurs. De plus, j'ai passé tellement de temps dans le fansub de DC qu'avec tous les scripts que j'avais créés, j'avais très mal encaissé le fait que l'équipe de fansub ne se mette pas à plein temps dessus. Il faut lui pardonner, mais j'ai la rancune tenace : Je sais dans mon for intérieur que si j'avais le temps et les moyens, je consacrerai chaque jour de ma vie pour traduire 1 épisode/film/OAV de DC par jour, ce qui me demanderait bien sûr au moins 3 ans de travail acharné, sans aucun retour sur investissement. DC, ça a été la plus grande déception de toute ma vie, ma plus grande douleur et même si ma cicatrice ne fait plus autant mal qu'avant, c'est dur de vivre avec l'idée qu'on a gâché autant de temps et d'efforts sur ce qui, au final, s'est avéré une lubie, un rêve. Je me suis promis qu'un jour, si j'arrive à faire tout ce que j'avais prévu de faire, et à me procurer le matériel et les compétences nécessaires, je planquerai dans mon serveur personnel tout Détective Conan, en ne mettant au courant que Sǖgaku-sensei. Et du coup, quelque part, le fait que mon activité génère peu de chiffre d'affaire, et donc bloque mes chances de jamais concrétiser ce rêve, c'est peut-être la partie subconsciente de ma raison qui me dit que je ne dois jamais retomber dans ce piège. Le Piège de Détective Conan.
Troisième et dernier facteur de déviation, la masturbation. C'est un peu con à 31 ans de continuer à se masturber mais j'ai toujours eu ce problème. Je ne cherche pas spécialement à faire connaissance avec ces dames, mais ce qui rend l'activité moins profitable est que je ne peux pas toujours la contenir, et elle me sert surtout pour essayer de faire passer la pilule de mon manque d'activité physique. Ayant hérité du corps de mon père, l'activité physique est un composant essentiel de ma personne et le fait de vivre dans une pièce de 10 m² ne facilite pas vraiment les choses. J'ai toujours cru que si un jour, je vivais seul, je me prendrai un T2, c'est-à-dire un appartement avec 2 chambres. L'une des chambres servirait de chambre et l'autre, de bureau pour la traduction. Mais la réalité, c'est qu'avec ma faible activité physique, je passerais sans doute un bon moment dans la chambre… à me masturber. C'est con. Je devrais plutôt songer à bouger, à faire du sport. Plus facile à dire qu'à faire, n'est-ce pas ? D'où mon idée d'acheter un tatami et un punching-ball suspendu, l'un pour des abdos, l'autre pour se défouler les bras. Le problème ? Euh, les jambes. En fait, donc, trois accessoires : le tatami, le punching ball et un tapis de course. C'est bête et méchant, mais j'espère pouvoir arrêter la masturbation avec. Et où mettre tout ça ? Ben, justement ×_× , c'est ça le problème. Il me faudrait des heures et des heures de course sans travail pour espérer retrouver la forme physique. Autant de temps que je consacrerai sans doute aux jeux vidéo ou à la masturbation.
Bref. Ça fait longtemps que je n'avais pas tapé autant de texte. Mais j'ai vraiment envie de parler un peu. Même seul. C'est bête à dire, mais j'ai toujours cette impression que si je le tape, c'est comme si je l'avais dit. J'ai l'impression de mettre les choses à plat. Le fait de travailler pour trop peu vu le temps investi dans chaque projet, le fait de perdre beaucoup de temps en jeux vidéo sans parvenir à me concentrer sur ce qui est important, et ces angoisses récurrentes, celle de ne pas pouvoir me passer de Mum pour vivre et celle de devoir mon salut à mes petits frères. Je ne veux pas abandonner mon bonheur ou mon intégrité pour vivre. Dois-je alors accepter la mort comme seule issue possible ?
Autrefois, je me définissais comme l'ombre qui marche au soleil. Cette allégorie était ma définition même, celui de l'homme qui aurait dû mourir mais ne l'est pas, celui dont l'âme emplie de noirceur est visible de tous, mais tolérée par tous. Que suis-je, maintenant ? Un maillon dans la chaîne sociale ? Le modèle à ne pas suivre ? Mauvais grand frère, mauvais fils, la honte de la famille ? Je n'en ai pas l'impression. Je sais que j'ai abandonné les études d'ingénieur parce que je ne suis pas assez doué en mathématiques et que j'ai passé tout ce temps à me mentir sur la réalité et la vérité. J'ai écouté ma famille pendant des années pour soi-disant devenir quelqu'un de malin, un type au-dessus du panier, avec qui toute entreprise doit compter pour réussir. Bravo. Parce que quelque part, c'est aussi ma réussite : sans moi, cette agence aurait peut-être fermé boutique. Cette autre agence est revenue vers moi en sachant que je ne bâcle pas le travail. Que suis-je ? Je suis un maillon de la chaîne, oui. Pas le plus élevé, en effet. Mais indispensable. Sans moi, il n'y a qu'une concurrence aux résultats incertains. Mes résultats sont là, bien réels, bien tangibles. Discutables, certes, mais corrigeables aussi. Je pense que même si je ne suis pas très content de me savoir en plein dans la masse, avec des revenus trop faibles pour survivre, je suis content de savoir que plus le temps passe, et plus je renvoie ce qu'on attend de moi. J'ai échangé l'argent contre la nouveauté, le changement perpétuel, l'improbable d'une activité qui ne dépend que du talent. Suis-je talentueux ? J'aurais voulu que oui, mais ce n'est pas le cas. Je suis juste un mec. Un point dans l'univers, un point dans la masse. Une tête d'épingle qui pense.
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