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Cathar6
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10 janvier 2015

De la religion et du prosélytisme

047_gl_kamina_objectionJe suis actuellement en train de tenter de lire intégralement un ebook intitulé Un Touriste en enfer, écrit par Lucia, la même personne qui m'a permis de traduire Jerry Junior il y a 6 mois environ. L'histoire de cet ebook est très simple, un nègre biographe a accepté l'alléchante proposition d'un certain Vlacoutine, jeu de mots minablissime pour désigner le diable (Vlacoutine étant la compression de Vladimir Poutine et Vladimir étant le prénom de Vlad Tépes, la personne qui a inspiré le personnage du comte Dracula)―d'un certain Vlacoutine, disais-je, pour lui faire sa biographie. L'œuvre prend la forme d'un entretien oral retranscrit par les bons soins de son éditeur, et sert de toile de fond pour aborder de façon claire (chapitre par chapitre, en fait) un bon nombre de thèmes pour dépeindre en bout du compte une certaine vision de la vie et du rapport de l'Homme à la religion.

Autant le dire tout de suite, avant même de le lire, j'ai un peu lancé Google pour voir s'il y avait des choses à garder à l'œil, comme des thèmes forts ou chers au cœur de l'auteure. Je suis tombé sur [cet article du blog de Lucia] puis sur [cet article d'une Québecoise musulmane] où Lucia révèle carrément dans les commentaires la fin de son livre : déçu par diverses autres religions, le biographe décide de se convertir à l'islam.

Je dois reconnaître que mon timing pour lire Un Touriste en enfer est très mauvais, car le journal Charlie Hebdo vient d'être attaqué par des islamistes en mal de reconnaissance il y a quelques jours et deux prises d'otages viennent de se terminer en bain de sang pas plus tard qu'hier. Mon appréciation de l'islam, qui n'avait jamais été très positive à cause du prosélytisme direct et/ou indirect de beaucoup de musulmans, en prend donc un peu plus pour son grade dans l'idée que le Français patriotique aurait au moins la décence de ne jamais devenir musulman s'il ne l'est pas déjà.

Mettons les choses au clair avant un dérapage facile : j'ai fait le gros de mes études à l'Institut Catholique Notre-Dame de Bourg-la-Reine (92) où le catéchisme était effectivement une matière obligatoire, mais complétée par des cours d'éducation civique et d'étude des religions. Cet enseignement privilégié m'a offert une voie toute tracée sur ma vision personnelle de la laïcité française mais aussi le juste recul sur les on-dit religieux et médiatiques pour savoir porter un jugement à la fois critique et développé sur l'importance de la religion dans la société française. Donc non, je ne suis pas islamophobe et je reconnais que cette religion a ses avantages, notamment dans sa lutte acharnée contre l'injustice humaine que le catholicisme condamne sans réaction.

Cependant, l'islam a le désavantage d'être très proche de l'islamisme, qui est un mouvement politique prônant le retour à un état où l'église a un pouvoir politique important. Ce genre de choses est ce qui a défoncé la France pendant tout le moyen-âge, une période de l'Histoire dominée par l'obscurantisme et le contrôle des masses par une élite foncière toute puissante. L'islamisme est l'exemple typique de la mentalité rétrograde que la France a définitivement et patriotiquement écrasée pendant la quatrième république, marquant son souhait de ne plus avoir à rendre de comptes à des gourous qui n'assument pas les erreurs de leurs ouailles. La France est une démocratie où tout un chacun peut s'exprimer, sans distinction de sexe, de race, d'âge même, et non une théocratie où tout est mis en œuvre pour satisfaires les désirs de chefs spirituels qui se font du beurre sur un au-delà toujours pas avéré. Un prêtre maire ? Un rabbin préfet ? Un imam député ? Dans ma commune, pour moi, Français, jamais.

Dès le début de ma lecture d'Un Touriste en enfer, donc, je suis parti du mauvais pied. Ceci étant, même sans avoir su la fin, vers le premier quart du livre, notre diable s'interrompt sur le mot "musulman", lapsus révélateur non du personnage, mais des intentions de l'auteure. Je n'ai pas encore atteint la moitié que la « résistance » de Paul Agnelli (encore un jeu de mots minable avec le terme « agneau », comme dans l'expression « agneau de Dieu ») à ne pas se faire traiter de paillasson par le déchu est évidemment si "subtilement" accentuée qu'on y voit un MacGuffin.

Soyons honnêtes, le livre se lit facilement, l'écriture est fluide et le diable n'est pas avare de tournures familières qui fleurent bon le patois de nos terroirs. Là où les choses se corsent, c'est dans le caractère bipolaire du discours, dans lesquelles notre diable passe son temps à présenter les œuvres de Dieu pour mieux les contrer ou les biaiser. C'est triste à dire mais les ficelles littéraires employées sont carrément grosses comme des cordes et ne projettent vraiment pas une stylistique qui déssert le propos final. On passera sur la structure chapitrée qui nous fait une véritable check-list des thèmes philosophiques abordés ; le point qui fâche, c'est qu'avant de réfuter, on se doit de poser de bonnes bases. Or la quasi-totalité des arguments présentés ne reposent que sur des croyances déjà particulièrement discutables. Que disait Georges W. Bush, déjà ? « Si vous n'êtes pas avec nous, vous êtes contre nous. » J'ai eu ce sentiment de manichéisme exacerbé pendant le peu de texte que j'ai lu, comme si réellement, le bien et le mal existaient, comme si les nuances ou la modalité n'étaient que de vagues concepts insaisissables. La psychée humaine se voit résumée à tout ce qu'il peut y avoir de plus primal et stéréotypé, ce qui déssert d'emblée le propos du diable et, par son entremise, de l'auteur. Naturellement, une telle débilité s'applique au nègre dont les piques servent neuf fois sur dix à relancer le discours.

Parce qu'en dehors de ces défauts de fond, Un Touriste en enfer tape aussi dans les défauts plus primaires. Pour le moment j'en suis à une dizaine de coquilles repérées, mais si on met ce point de côté, l'œuvre souffre aussi d'un rythme bon mais qui s'essoufle passé une heure ou deux. D'une part, parce que les sujets abordés sont discutés très superficiellement ; d'autre part, parce que les transitions d'un argument à l'autre sont le plus souvent amenées par une question de relance de Paul avec un schéma général très identifiable : (1) question, (2) réponse, (3) relance, (4) sarcasmes + mini-parenthèse empathique, (5) nouvelle réponse. Cette répétitivité fait qu'il est lourdement recommandé de lire le livre à raison d'un chapitre par jour et surtout pas d'une traite comme je le fais, moi.

Il est bon de noter, ceci étant, que les thèmes abordés sont en eux-mêmes des points névralgiques de notre condition humaine. Pour mieux présenter Vlacoutine comme l'incarnation du diable, quoi de plus élémentaire que de lui faire décrire des atrocités avec un discours cru ? Le livre se permet donc quelques passages de ce genre, espérant sans doute choquer son public en précisant que ce n'est pas gratuit parce que ça contribue au discours d'ensemble. Ironie du sort ou simple maladresse, je ne saurais dire, mais ces passages sont les seuls où j'ai eu l'impression qu'une sorte d'imagination malsaine ressortait du texte. Présentées avec simplicité comme le reste, ces morbides petites descriptions servent également à relever le rythme, sans pourtant émouvoir réellement le lecteur qui en est encore à essayer de voir un semblant d'argument irréfutable dans cette plaidoirie vacillante.

Au final, je n'en suis qu'à la moitié du texte et pour être franc, j'ai hâte d'atteindre la dernière page pour passer à autre chose. Si Lucia est bien née en France, il est décevant de se dire qu'elle a gagné 6 lauréats pour finalement rédiger un livre de ce niveau. En conséquence, sauf si la seconde moitié du livre me donne tort, je m'abstiendrai de le commenter officiellement, pour éviter de le couler.

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